Haïti : la corruption, principal ennemi de la mission de soutien à la sécurité

Article : Haïti : la corruption, principal ennemi de la mission de soutien à la sécurité
Crédit: Wikimedia Commons
6 juillet 2024

Haïti : la corruption, principal ennemi de la mission de soutien à la sécurité

Depuis la mort de son 58ᵉ président, Haïti subit une crise sans précédent. Des groupes armés sèment la terreur dans la population. Une issue s’offre aux Haïtiens : une force multinationale dirigée par le Kenya.

Au petit matin du 7 juillet 2021, j’apprends, effaré, la mort du président de mon pays, Haïti, Jovenel Moïse. Selon les nouvelles, il est mort assassiné. Dans les jours qui suivent, des photos et des vidéos me parviennent. Certaines représentant le corps du défunt, d’autres montrant les coupables du crime capturés. Apparemment, le président a été torturé et tué par des mercenaires colombiens. Par les voies des médias internationaux, un coupable intellectuel est désigné : un certain pasteur qui aurait voulu accaparer le pouvoir. Sous la présidence de M. Moïse, une crise bourgeonnait : des groupes armés qui semaient la mort durant des affrontements pour le gain d’influence sur des zones territoriales. Après cela, le problème a muté. Selon un rapport d’un organisme international, le pays compte près de 300 gangs. Les principaux d’entre eux œuvrant à la capitale, Port-au-Prince, sont fortement armés. Ils arrivent à s’approvisionner en armes grâce à l’argent collecté par le racket des commerces et le rançonnement des kidnappings qu’ils entament. Selon les derniers chiffres, la capitale haïtienne est contrôlée à 80 % par des gangs. Près de 580 000 personnes sont déplacées à cause de la violence des gangs. Après la démission du premier ministre Ariel Henry nommé par le défunt président, le pays a à sa tête un conseil présidentiel et un premier ministre, chef de gouvernement, Gary Conille. Ariel Henry, en 2022, a formulé une demande d’assistance d’une force internationale aux Nations unies pour contrecarrer l’insécurité. Une résolution a été adoptée aux Nations unies pour l’autorisation d’une mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) dans le pays. Le Kenya s’est porté volontaire pour la diriger.

Une partie du nombre des hommes promis par le Kenya est maintenant sur le sol haïtien. Quels sont les défis que peuvent rencontrer cette force? Qu’est-ce qui pourrait être fait pour les contrecarrer ?

La corruption, gangrène de la société haïtienne

Un des plus grands problèmes en Haïti est la corruption. Des politiciens haïtiens et de riches entrepreneurs sont en relation avec les gangs et les supportent. Un rapport du Crisis Group dit même que ceux-là les utilisent comme armées privées. Pour qu’il y ait un changement, il faudrait que l’élite haïtienne se démobilise à supporter les gangs. Cela aiderait à les atténuer, les rendre vulnérables et les démobiliser. Avec cela, la force multinationale n’aurait qu’à combattre les plus radicaux de ces gangs qui seraient moins forts et peut-être désillusionnés.

Il y a eu des sanctions des États-unis et du Canada à l’encontre de certaines personnalités haïtiennes qui participeraient à la violence en Haiti. Mais, cela est-il suffisant à neutraliser leurs activités?

Il existe aussi une autre forme de corruption. C’est celle des policiers qui collaborent avec des gangs. La force multinationale aura à collaborer avec la PNH (Police Nationale d’Haïti). Pour que les opérations de ceux-là contre les gangs fonctionnent, il faudrait évincer les policiers corrompus. Ce serait là la responsabilité de la PNH.

Autre chose qui peut être fait pour la réussite de la force

Il se pourrait que la police nationale collaborant avec la force multinationale développe des réseaux de renseignement dans les communautés où ils auront à opérer. Ces gens-là dans ces réseaux devraient s’atteler à donner de bonnes informations pour que les opérations de la force soient réussies. Ils devraient se persuader qu’ils œuvrent pour la sécurité et la stabilité du pays lorsqu’ils auraient à faire ce travail.

Collaborer avec la force, un acte patriotique?

Pour la réussite de la force, il faudrait donc lutter contre la corruption et donner la chance aux communautés affectées de participer à la capture des gangs. Certains pourraient penser que ce ne serait pas un acte patriotique de collaborer avec la force étrangère. Mais, il le faut pour faire cesser les atrocités. Ces gangs commettent beaucoup d’exactions. Il doit y avoir un changement pour le bien-être du peuple haïtien, pour qu’il y ait stabilité, pour tenir des élections libres et honnêtes.

Partagez

Commentaires