Haïti: l’insécurité compromet l’organisation des élections

Article : Haïti: l’insécurité compromet l’organisation des élections
Crédit: Wikimédia Commons
9 octobre 2024

Haïti: l’insécurité compromet l’organisation des élections

Haïti est en crise. Ses dernières élections remontent à 2016. Malgré l’établissement d’un nouveau gouvernement de consensus, le pays continue d’être en proie à la domination et à la violence des gangs, ce qui constitue un défi pour la tenue des prochaines élections.

Le vœu pieu de la sécurité des élections

Le jeudi 5 septembre 2024, le Secrétaire d’État des États-Unis, Anthony Blinken a entamé une visite en Haïti pour faire le point sur la Mission Multinational d’Appui à la Sécurité (MMAS). Lors de cette visite, il a exhorté le Conseil présidentiel de transition à instituer un Conseil électoral provisoire pour organiser les prochaines élections. Le Président du conseil de transition, Edgard Leblanc Fils, a lui-même fait savoir que les élections pourront avoir lieu à la fin de l’année 2025 et qu’un président sera démocratiquement élu le 7 février 2026. Cette promesse me rend perplexe. M. Blinken a aussi affirmé :  » La sécurité est la base de tout ce qui va arriver ensuite, y compris la préparation des élections de l’année prochaine… ». Une affirmation à laquelle j’acquiesce. Selon les chiffres récents, les gangs contrôlent 80 % de la capitale, Port-au-Prince. Quels sont donc les défis sécuritaires liés à la tenue des élections auxquels font face le gouvernement et la MMAS?

Éradiquer les gangs, une utopie ?

Il ne serait pas juste que le Conseil présidentiel de transition organise des élections tant que les gangs sont opérationnels. Étant donné que les bandes criminelles contrôlent une grande partie de Port-au-Prince et d’autres régions du pays, leurs activités rendraient difficile l’accès aux bureaux de vote, la distribution de matériel électoral et la protection des électeurs. Les gangs pourraient exercer des pressions sur les communautés pour influencer les résultats électoraux ou empêcher la tenue du scrutin. La peur de représailles dissuaderait de nombreux électeurs à participer aux élections.

Éradiquer les gangs, c’est comme une utopie parce que l’État manque de moyens. La MMAS et la Police nationale (PNH) ne sont équipées qu’en armes à feu et en chars. N’ayant pas d’appareil volant, elles n’ont pas l’avantage de la vision et sont incapables d’isoler l’ennemi pour limiter les pertes en vies innocentes. La Communauté internationale devrait penser à fournir des hélicoptères et des drones à ces forces pour qu’elles puissent mieux cibler les malfaiteurs. Elles pourraient ainsi être à l’aise dans leur manœuvre d’éliminer les éléments nuisibles dans des environnements urbains populaires difficiles d’accès.

Pour ma part, je pense que le Conseil présidentiel de transition accompagné de la Communauté internationale devraient se fixer des objectifs réalistes par rapport à la tenue des élections en Haïti. Pour qu’il y ait des élections, il faut avant tout récupérer des territoires perdus, procéder à des arrestations de bandits notoires. Sans cela, on n’ira nulle part.

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